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Les pleurs d’endormissement

Pleur d’endormissement et sommeil du bébé (première partie) 1/3

A. Gautier Ostéopathe D.O. Strasbourg

Le pleur d’endormissement et l’autoroute du sommeil

Nous utilisons pour réduire les pleurs des bébés et améliorer leur sommeil, un schémas que nous avons appelé « l’autoroute du sommeil ». Celui-ci explique par des images simples les processus de réussite et d’échec de l’endormissement et du sommeil. 

Mais au préalable, il est nécessaire d’expliquer et comprendre le rôle du pleur d’endormissement qui est la clef pour que les bébés puissent accéder à la voie royale du sommeil.  

Ce pleur est un constituant et un signe fondamental du processus d’endormissement. Nous vous proposons d’en découvrir son utilité, mais aussi ses limites. Dans le deuxième article « autoroute du sommeil », nous vous présenterons, comment ce pleur peut se transformer et être remplacé par un autre type de pleur (répondant à un autre besoin) et donc devenir inutile et contraire au sommeil. C’est pourquoi, nous ne disons jamais de laisser pleurer son bébé.

Le pleur d’endormissement est utile et exceptionnel.

Ce pleur est nécessaire et physiologique lorsqu’il peut s’exprimer. Son rôle est d’être un véritable moteur, une clef pour rentrer dans le sommeil. Il ne doit  être ni anticipé, ni coupé. Au contraire, il ne demande qu’à être accompagné. Le bébé dit :« Chers parents, laissez-moi pleurer, je veux dormir ». « Ce pleur est le signe principal de son envie de sommeil ». Malheureusement, celui-ci n’est pas entendu, il n’est donc ni reconnu, ni respecté. C’est une expression et un  besoin du bébé qui n’est pas compris. 

Trois raisons peuvent justifier notre difficulté à écouter, reconnaître et apprivoiser ce pleur spécifique. 

  • Le pleur est perçu généralement comme un appel exprimant une souffrance. 

A défaut de pouvoir supprimer la cause de cette souffrance. La réponse naturelle est d’apporter le plus rapidement possible une réassurance au bébé. Cette situation est d’abord vécue sur un mode émotionnel. « Se rassurer tous les deux». 

Pour éteindre ce flux d’émotions entre la mère et son bébé, le prérequis est de couper le pleur par tous les moyens : mettre au sein, prendre dans les bras, utiliser le portage… A court terme, ces solutions peuvent marcher mais demande une certaine abnégation. Avec le temps et la répétition, un sentiment de débordement peut apparaître, créant une situation anxiogène. De nombreuses causes peuvent s’accumuler : une trop grande fréquence des pleurs, des doutes quant à leurs sens, la répétition des mêmes solutions mises en œuvre, la fatigue, l’isolement, les multiples conseils bien intentionnés fruits d’expériences personnelles ou de blogs mais qui souvent se contredisent où suivent l’air du temps.

  • Le pleur est considéré comme un obstacle à l’endormissement.

Car il est susceptible d’entraîner une excitation encore plus importante du bébé. Ce qui serait contraire à l‘état de détente nécessaire pour passer dans le sommeil.  En fait, cette logique renvoie à une sorte de copier/coller du modèle d’endormissement des adultes sur le bébé. Or ce processus ne correspond pas aux compétences du bébé. Pour s’endormir, physiologiquement le bébé passe d’un éveil agité à un sommeil agité

  • « Il ne faut jamais laisser pleurer un bébé » A propos du pleur chez le bébé, nous entendons souvent cette affirmation

Cette affirmation réductrice (curieuse) laisse supposer que le pleur présente un risque pour le bébé et qu’il n’y a pas de différence entre les pleurs. Pourtant, certains pleurs à l’évidence semblent être utiles. Ils sont un moyen de survie, de défense et de communication avec l’environnement. Le bébé ressent des types divers de besoins qui s’expriment par différentes formes de pleurs. Le bébé veut recevoir une réponse bienveillante qui répond au mieux à son besoin. Or,  la résolution de certains de besoins ne peut être obtenue que s‘il peut exprimer son pleur, accompagné par ses parents.

Ce n’est pas le pleur qui est le problème.

C’est la justesse de la réponse à apporter à son besoin. Si nous prenons à la lettre le précepte de « ne jamais laisser pleurer son bébé ». Nous prenons le risque de ne pas savoir répondre à certains appels et d’apporter à sa demande une réponse inadaptée. C’est aussi, de croire que le seul ou vrai objectif à atteindre est d’arriver à couper le(s) pleur(s) et ainsi obtenir une réassurance mutuelle dans un silence bien éphémère.

Voici quelques exemples de pleurs qui semblent avoir besoin de s’exprimer pour satisfaire le besoin sous jacent :

– les pleurs qui favorisent l’évacuation du stress le jour,

– les pleurs du soir ou de 19h dits « incoercibles »,

– le pleur d’endormissement,

– le pleur de communication la nuit qui permet de réveiller/rassurer sa maman. 

Mais en plus et surtout, ce type de discours normatif qui se développe avec des slogans, met sous pression les parents. Ceux-ci, s’ils s’identifient à l’inefficacité de leurs actions face aux pleurs répétés de leur bébé, où simplement se sentent impuissants à contenir les excitations internes et externes de leur bébé, peuvent être déstabilisés dans leur savoir faire et dans leur confiance en soi.

Il est à noter qu’il existe une caractéristique curieuse du pleur d’endormissement liée au cycle jour/nuit. 

Le pleur d’endormissement n’existe jamais la nuit.  Et ceci, paradoxalement même quand le bébé ne sait pas encore faire la différence entre la nuit et le jour! Par nuit, nous entendons la période qui se déroule dans une fourchette approximative de 21h à 6h du matin.

Bien sûr, le bébé peut se réveiller la nuit en pleurant, même plusieurs fois et avec des motifs divers. Mais il n’y a pas de pleurs inhérents au processus de « ré-endormissement » (C’est à dire, quand nous rendormons un bébé après un de ses réveils nocturnes). Si vous l’alimentez (ou non), si vous le prenez dans les bras pour le rassurer ou pour prévenir un reflux, si vous l’avez sorti du lit et le recouchez. Il se rendort assez facilement sans ou avec quelques pleurs superficiels.  

Il est fort possible qu’à la lecture de cet article vous puissiez ressentir une résonance, des similitudes avec les situations que vous vivez. En découvrant un nouveau sens à ce type de pleur, cela peut vous aider à l’entendre avec moins d’émotions et que vous puissiez imaginer d’autres manières de faire.

En coupant le pleur d’endormissement, le bébé ne pourra plus s’auto endormir. Il devra donc maintenant être endormi. Cela devient une mission pour vous, ses parents mais répond t’elle au besoin de l’enfant ?

Le pleur d’endormissement peut devenir un pleur totalement inefficace dans le processus du sommeil. Ceci constituera le troisième article de la série du sommeil.

Toute cette expérience est le fruit du dialogue établi avec les bébés et leurs parents depuis plus de 30 ans.

(deuxième partie) : le sommeil de contact

(troisième partie) : l’autoroute du sommeil